Les photographies de Nick Van Tiem mêlent son amour pour la mode, la youth culture et la photographie documentaire. À chaque nouveau portrait, le néerlandais propose une histoire, celle de ses modèles, à renfort d’imper en vinyle et d’ensemble de jogging en velours. Pour Nick Van Tiem, la photographie revêt mille et une facettes ; elle informe, surprend, divertit et surtout, reflète la société dans sa grande complexité.

Vous avez une pratique quotidienne de la photographie. À quel moment a-t-elle prise une place si cruciale dans votre vie ? 

Mon entrée à la Royal Academy of Art, aux Pays-Bas, a signé un tournant dans ma pratique. Mais la photographie a pris une réelle importance quand je n’avais plus cette pression à créer venant de mes professeurs. Dès lors que c’est ton argent durement gagné que tu investis dans la photo, c’est là que tu commences à produire des projets qui te tiennent vraiment à cœur. 

Parmi vos multiples projets de commandes pour Nike, Gucci et Highsnobiety, quelle importance consacrez-vous à l’expérimentation photographique ?

Si je photographie énormément, je lis tout autant. Pas un jour ne passe sans que je ne consulte les journaux nationaux et internationaux. Un simple article sur un évènement d’aviation peut m’amener à surfer sur Internet pendant des heures pour finalement shooter des personnes aux côtés de leurs avions radiocommandés.

Regarder autour de soi, remarquer ce qui est insignifiant, maladroit, absurde ou beau dans nos sociétés me permet de créer un contexte à mes histoires. L’expérimentation est donc un must. Que ce soit en essayant une lumière ou une caméra différente, en travaillant avec de nouvelles personnes ou même en déménageant dans un autre pays. Ne pas expérimenter c’est faire la même chose encore et encore.

Vos portraits nous donnent la sensation de connaître les personnes que vous photographiez. Comment y parvenez-vous ?

Les personnes que je photographie sont des garçons qui auraient pu être mes amis et des filles dont j’aurais pu tomber amoureux. Je ressens un lien avec chacun d’entre eux. Avant de les rencontrer, je les cherche pendant des heures sur Instagram puis je les contacte. On accroche, on boit des bières et on discute beaucoup. Après chaque minute passée avec eux, j’ai une bien meilleure appréhension de leur vie et donc, de ce qui les a rendu qui ils sont. Une photo différente, une personne différente et une histoire différente à chaque fois. Et à chaque portrait shooté, j’ai l’impression que j’aurais pu devenir moi-même cette personne si les circonstances avaient été différentes.