C’est à Jérusalem que la photographe Elinor Carucci nait et grandit. Et c’est à New York qu’elle se révèle en tant que photographe. Inspirée par ses relations familiales, où les protagonistes féminins sont nombreux et jouent des rôles clés, elle conçoit des images à valeur universelles, tout restant très autobiographiques. Dans son livre Midlife, elle porte les témoignages, souvent invisibilisés, de femmes “à la moitié de leur vie”. 

Quand avez-vous débuté la photographie?

J’avais quinze ans et demi. À l’époque, je pratiquais déjà d’autres formes d’art ; je jouais du piano depuis l’âge de 5 ans et j’étudiais le théâtre dramatique. Mais la photographie a été mon premier amour. Tout a commencé en photographiant ma mère avec l’appareil de mon père. C’était ma première photo. Je l’ai toujours quelque part.

Puis j’ai continué à la photographier. Ce n’était pas une femme facile à gérer ; elle est très belle, glamour et elle pouvait être très exigeante envers moi en termes d’excellence. Et tout à coup, avec la photographie, j’ai trouvé un moyen d’y faire face. Puis j’ai photographié le reste de la famille.

 À l’âge de 17 ans, j’ai visité New York et c’est là où j’ai su que je voulais devenir photographe professionnelle. Grâce à mon appareil photo, je sens plus, je vois plus, je comprends mieux et je plonge bien plus efficacement dans le monde qui m’entoure.

Quelles sont les personnes que vous préférez photographier ?

Les gens dont je suis le plus proche. Mes parents, mais aussi mes enfants, mon mari et moi-même. Parfois, je suis ma personne préférée, mais pas toujours. Grâce à eux, je peux plonger profondément dans les tréfonds les plus personnels et intimes. Avec eux, je peux parler de choses universelles mais à travers les gens que je connais et aime le plus.

 Pourquoi les femmes ont-elles une place d’honneur dans votre travail?

J’ai été élevée par ma mère et ma grand-mère. Une grande partie de mon travail concerne notre essence en tant qu’humain, mais vu à travers les yeux d’une femme. 

C’est drôle quand parfois les gens regardent mon travail ou celui d’autres photographes qui traitent du thème de la maternité, ils pensent que c’est un thème limité. Alors que nous venons tous au monde grâce aux femmes et que l’amour d’une mère est un élément si important dans notre vie. En fait, c’est peut-être ça le sujet le plus important de mon travail… Comment cultivez-vous votre inspiration à chaque nouvelle série d’images ? 

L’inspiration peut venir des photographes que j’admire comme Nan Goldin: ses mots, son honnêteté et sa franchise. L’inspiration peut également provenir d’autres sources comme le stand-up. Par exemple, mon œuvre Mothers a pris vie après avoir regardé des sketchs de Louis C.K (même si ces jours-ci nous ne sommes pas supposés parler de lui).  Beaucoup de mes inspirations proviennent de travaux biographiques, directs et honnêtes qui nous font réfléchir d’une manière différente.

Pour Midlife, mon livre récent paru à l’automne, je me suis inspirée de la lecture de livres mais aussi des femmes à qui j’ai parlé, surtout celles qui sont au milieu de leur vie. En sommes, l’inspiration peut provenir de choses que vous avez vues dans le métro et de photographes que vous admirez. Elle peut aussi provenir d’émotions négatives, comme envier quelqu’un. Et surtout, l’inspiration vient de la vie. Nous avons été touchés par le Covid-19 et cela a également affecté mon travail. Soudain, les vies étranges que nous vivions tous dans le monde sont devenues une inspiration.