Depuis bientôt 20 ans, la marque Desperados s’associe avec le collectif d’art urbain 9ème Concept pour inventer chaque année une bouteille collector de la marque. Au total, ce sont plus de 73 bouteilles qui ont été redesignées avec 9ème Concept. « C’est une collaboration unique puisqu’il est très rare qu’une marque travaille pendant 20 ans avec le même collectif d’artistes » explique Clémentine Doumenc, responsable marketing de la marque Desperados. C’est aussi la première fois que la réalité augmentée est utilisée pour révéler les couleurs d’une étiquette produite en édition limitée de la marque.

Mettre la réalité virtuelle au service de l’art

Pour créer cette bouteille iconique, Desperados a fait appel à l’artiste, Matthieu Dagorn, membre du collectif 9ème Concept. Pendant 14 jours en résidence artistique, Matthieu a réussi à recréer son univers créatif à l’aide de la technologie Google Tilt Brush.

Résultat : une oeuvre digitale et ultra-colorée inspirée de la jungle projetée sur les murs d’un cube de 36m2. Une fois réalisée et grâce à la réalité virtuelle, il est possible d’animer et de visiter l’oeuvre en digital. Ainsi, une application mobile baptisée « Desperados Edition Augmentée » a été spécialement conçue pour que tous les clients puissent découvrir l’oeuvre en réalité virtuelle. Une découverte immersive qui se déroule en plusieurs étapes. 1) Découvrir le décor de l’étiquette animé en 3D  2) Une visite 360° dans l’atelier de l’artiste qui lui a permis de réaliser la sculpture digitale 3) La navigation à l’intérieur de l’oeuvre pour en découvrir tous les détails 4) Les coulisses et toutes les étapes de la création.

Nous avons eu la chance de rencontrer Matthieu Dagorn pour lui parler de ce premier projet de bouteille en réalité augmentée de la marque : 

Comment la Tilt Brush a changé ta façon de réaliser cette oeuvre par rapport à tes sculptures précédentes créées dans le réel ?

C’est complètement dingue. On peut désormais créer des volumes dans une autre réalité. On ne crée plus le trait sur une feuille de papier mais directement dans l’espace. Cela permet de pouvoir tourner autour, de l’agrandir… C’est vraiment un outil qui change la perception d’une oeuvre.

Comment as-tu créé cette box immaculée qui a servi de base pour réaliser ensuite l’oeuvre avec la Tilt Brush ?

J’ai utilisé une matière qui se rapproche du carton plume, et j’ai récupéré la mousse à l’intérieur pour pouvoir sculpter ensuite. Cela m’a permis de réaliser des choses plus volumineuses, de façon agréable et rapide également.   

Comment as-tu utilisé ensuite cette box par rapport à l’oeuvre digitale invisible sans casque de réalité virtuelle ?

Cela ne m’a pas vraiment aidé, c’était plus une amorce pour montrer ce que je réalisais dans le réel. Puis on a découvert la Tilt Brush et les outils qui correspondaient exactement à mon travail. Je suis resté volontairement sur une seule brush qui avait le rendu exact de mon travail en réalité.

Tu travailles avec desperados depuis novembre dernier sur le projet, comment s’est passée cette collaboration ?

A la base, c’est l’agence Mnstr qui a proposé ce projet d’une bouteille en réalité augmentée. Puis Stéphane, l’un de fondateurs de 9ème concept m’a demandé si je souhaitais participer à ce projet. On a fait plusieurs réunions, assemblé plusieurs idées, et tout s’est fait très vite avec la marque donc c’était très simple et surtout, très intéressant.

Si tu devais nous décrire en quelques mots l’univers que tu as créé en réel et en virtuel de la box ?

La première partie en réel était très spéciale. Je me suis retrouvée pendant plus d’une semaine, plus de 10 heures par jour, dans un univers totalement blanc. On se retrouve donc dans une pièce complètement hors du temps. Et pour la partie virtuelle, je me suis amusé à recréer un jungle. Comme tu as pu le remarquer, il y a plein de choses cachées. J’aime beaucoup surprendre le public tout comme je le fais dans mes sculptures. 

Peux-tu nous parler un peu plus de l’étiquette, de ce que représente cette image ultra-colorée ?

C’est une tête de lion à la base. J’avais créé ce masque pour la rétrospective de 9ème concept à Lille. C’est la sculpture que j’ai exposée juste à côté de la cabine du Dj. On l’a prise en photo, je l’ai vectorisée puis retravaillée ensuite sur Illustrator pour que cela corresponde à un travail sur étiquette.

En plus de la box, tu as créé la réalité augmentée autour de l’étiquette de la bouteille, as-tu l’habitude de travailler avec un tel type de design ?

C’est plus petit bien sûr et puis on doit être en parfait accord avec l’imprimeur. Ce qui est intéressant, c’est qu’avec la loi Evin, nous n’avons pas le droit de faire de figuratif. Le fait de partir sur un masque abstrait a permis aux gens d’imaginer ce qu’ils perçoivent, certains voient un hibou quand d’autres voient le lion. On peut jouer sur cette petite faille assez cool, tout en étant très spontané. Je n’ai pas eu à m’adapter à l’étiquette. Les validations ont été très vite.

A noter que la performance entre réalité et digital de Matthieu est accessible simplement en scannant l’étiquette de la bouteille Desperados avec son téléphone. Plus d’un million de bouteilles seront distribuées jusqu’au mois d’octobre 2017.