La photographe new-yorkaise Sophie Barbasch est une habituée des projets photographiques effectués sur la durée. Avec sa série Fault Line débutée en 2013, elle rendait compte de l’évolution des dynamiques au sein de sa propre famille. Aujourd’hui, c’est avec la série plus sombre Military Logic qu’elle revient. En 2016, elle se rend à l’école de police militaire de Fortaleza, au Brésil, au moment où la présidente Dilma Rouseff est destituée, ce que beaucoup considéraient comme un coup d’État. “Dans un environnement axé sur la surveillance, j’ai observé les étudiants policiers à mon tour. J’ai pensé à la façon dont le simple fait de regarder peut être perturbateur. »

Pourquoi la photographie tient une place cruciale dans votre vie ?

J’ai toujours trouvé libérateur de pouvoir communiquer via un vocabulaire expressif qui n’est pas lié au langage comme on l’entend. J’aime aussi la façon dont la photographie vous fait sortir du monde. À aucun moment de ma vie j’ai réalisé que je souhaitais devenir photographe, ce fut plutôt un processus itératif. Ce que j’aime dans le fait d’être photographe c’est de faire partie d’un processus sans fin, chaque image appelant la suivante.

Qu’aimez-vous le plus photographier ? Et quelles sont vos principales inspirations ?

Récemment, j’ai compilé un tas de déclarations d’artistes. Les voir réunies a renforcé mon attrait pour la tension dans mon travail. Cette tension entre le besoin de savoir quelque chose et l’impossibilité de vraiment comprendre cette chose. C’est cette dynamique d’imaginer un sujet, un environnement dans son ensemble cohérent, puis de déconstruire et d’examiner ses composants. La photographie est pour moi une obsession de la structure et de sa dissolution.

Comment réussissez-vous à tirer le meilleur parti de vos modèles?

Cela dépend toujours du contexte et de la relation. Chaque personne réagit de façon si différente à la caméra.

Sur quels projets travaillez-vous désormais ?

Je suis actuellement en train de finaliser quelques corpus d’images qui sont à des étapes de finition différentes. J’aime avoir des projets qui durent différentes durées ; il y a quelque chose de libérateur à penser des petits magazines en une semaine pour faire une pause sur les projets plus longs.