Makena Mambo est une photographe, mais aussi une vidéaste et une écrivaine installée à New York. Kenyane et américaine, sa pratique photographique se déploie à la fois dans son amour pour la mode et ses questionnements sur sa double identité, et celle des autres. En séjour à l’étranger ou dans la ville de son enfance, Charlotte en Caroline du Nord, elle repense la position du photographe dans l’approche de l’altérité.

Comment la photographie est devenue un de vos médiums de prédilection, pour imprimer votre histoire et celle des autres ?

J’ai toujours été une amoureuse des images, qu’elles soient en mouvements ou immobiles. À 13 ans, j’ai plongé tête la première dans les National Geographic. Je réalisais mes propres reportages, à la fois sur des appareils photo jetables et sur mon appareil photo numérique de poche. Que ce soit des prises de vue de mon arrière-cour ou des vacances en famille, je fixais dans le temps les moments que j’aurais souhaité faire durer des années. Quand j’ai pu voyager par moi-même, j’ai adopté une posture plus attentionnée et prévenante envers ceux que je shootais

Aux États-Unis ou à l’étranger, vous êtes toujours armée de votre appareil photo. Quels récits narrez-vous ? 

Mes images racontent une variété d’histoires ; celle d’un sentiment personnel illustré sous le prisme de la mode ou un travail plus documenté sur la place des autres cultures. À l’étranger, je me concentre toujours sur l’environnement naturel et la vie quotidienne. Un sourire rassurant ou une conversation rapide de ma part rassurent mes  modèles pour les photographier. Mon travail photographique est comme une série d’essais qui suscitent la réflexion, instruisent et ajoutent de nouvelles perspectives dans des thématiques aux horizons et aux héritages différents. 

Avec les séries « Thaïlande » et « Hong Kong » vous mettez en lumière des cultures lointaines à la vôtre. Avec « A Part of Me », vous vous lancez dans un projet cette fois-ci plus personnel.

Le statut de photographe est un vaisseau qui navigue sur le monde. À travers mes voyages et beaucoup de temps à réfléchir, exprimer visuellement ma vérité et celle des autres est ce qui m’anime. Pour y arriver, je joue avec l’écriture, la vidéo et de l’image fixe de la photographie. C’est à travers ces trois médiums que je reçois les informations sur le monde et c’est de cette même façon que je veux les renvoyer émotionnellement au monde.

«A Part of Me» est ma première tentative de partager une histoire en rapport avec ma culture, en lien avec des modèles qui sont elles aussi kenyanes. La série présente nos similitudes et nos différences, alors que nous avons grandi et vécu en Amérique. Les récits d’immigration qui peuvent inspirer et améliorer les problématiques sociales et rendre les personnes plus empathiques sont des thématiques qui me motivent énormément.

Vos créations sont riches en jeux de couleurs et de cadrages. Quelles sont vos inspirations, celles qui impactent avec force votre travail ?

Le photographe Jeremy Snell, la photo-reporter Yagazie Emezi et Yumna Al-Arashi sont des artistes dont le travail m’inspire. À leurs créations s’ajoutent mes propres expériences, mes voyages, des conversations, des films et des livres où je laisse libre cours à mes idées de jaillir sous le coup de l’impulsion, pour être finalement développées plus tard.