Les photographies du britannique Benedict Brain se déploient autant sur un parking bétonné, une forêt verdoyante ou une croisière dans les paysages glacés de l’Alaska. Dans sa nouvelle série “The Lost Frontier”, Benedict Brain propose une étude sur la relation de l’humain à la nature, celle qui devient dangereusement un spectacle à monétiser à tout prix.

À quel moment la photographie s’est imposée à vous comme le médium de création ?

J’ai découvert la photographie en même temps que je suis tombé amoureux d’elle. À 11 ans, j’ai créé une petite chambre noire dans la maison de mon enfance. J’ai par la suite étudié la photographie au Derby School of Art, au Royaume-Uni, en 1991, puis j’ai mené une carrière éclectique en étant à la fois photographe et journaliste pour des magazines comme Digital Camera, entre autres.

Comment réussissez-vous à produire des images qui, aux premiers abords, semblent être des photographies de voyage mais qui ont à la fois une portée très universelle ? 

Je suis heureux quand mes photographies résonnent à la fois à une échelle personnelle mais aussi universelle. Certains des thèmes que j’explore à travers ma caméra ont cette portée universalisante. Beaucoup de personnes peuvent s’y reconnaître parce que mes photographies reflètent des préoccupations globales, comme le dérèglement climatique. “The Lost Frontier” explore liens qu’entretiennent les humains entre eux et avec la nature. 

Comme de nombreux photographes, vous êtes souvent en voyage. 

Voyager n’a pas une importance significative dans mon travail, je suis très heureux de pouvoir travailler à échelle locale. Toutefois, je voyage beaucoup dans le cadre professionnel et c’est de cette façon que je viens à développer des projets à l’étranger. J’aime voyager et je reconnais que le fantasme des endroits éloignés est toujours très attirant. Cependant, concilier un désir de voyager avec l’impact environnemental qui va avec est de plus en plus difficile, surtout lorsque ma pratique illustre le lien doux-amer entretenu entre l’humain et l’environnement.

Quelles sont vos inspirations qui ont un réel impact sur votre travail photographique ?

Les images et les écrits du photographe américain Robert Adams, mais aussi les photographes de l’exposition phare du paysage américain “New Topographics” ont eu une grande influence sur mon travail et ma pratique. Aujourd’hui, mes inspirations viennent de plus en plus souvent d’autres domaines tels que la science, la géopolitique et l’environnement. 

Je ne manque jamais d’idées pour mes projets, elles semblent arriver tout naturellement à mon esprit. C’est trouver du temps, du financement et des ressources qui sont de vrais défis dans la pratique photographique.