Depuis son enfance, la photographe Laura Moreil entretient une passion inconditionnelle pour la photographie. Ayant connu toute sorte d’appareils (le jetable, l’argentique et le numérique), son objectif premier reste le même : celui de garder une trace de l’instant présent. Il y a dix ans, ressentant une « envie irrépressible » de s’y mettre, elle choisit l’argentique et en fera sa technique privilégiée. Son choix n’est d’ailleurs pas anodin : il s’agit d’un moyen pour l’artiste de se détacher de la question de l’image parfaite, cadrée et nette.

Véritable terrain d’expérimentation, l’artiste a pu, de fait, découvrir de nombreux modes et techniques associés à l’argentique : multi-exposition, pellicule redscale, lomographie, construction d’une afghan box… Elle développe et réalise ses tirages par elle-même, maîtrisant ainsi la chaîne de réalisation du début à la fin. Cette technique lui permet ainsi d’élargir le champ de ses expériences photographiques, en termes d’image ou encore de matériel.


Emouvante et pleine d’éloquence, sa série « Broken » a été réalisée en vue d’une exposition collective avec l’association Aléa Club dont elle fait partie, tous ayant décidé de travailler sur le portrait. N’étant pas sa méthode de prise de vue favorite, elle décide de photographier les modèles en train de se regarder dans le miroir, alors placée derrière eux, sans leur faire face. Ce choix photographique « indirect » tient aussi à sa volonté de ne pas s’inscrire dans les codes habituels du portrait, ce qui permet d’apporter à ses clichés une dimension surréaliste. De plus, la gestion de la mise au point dans un miroir brisé constituant un véritable challenge, et l’artiste n’étant pas assurée du résultat final, le hasard est partie intégrante de cette série.