Réaliser une fresque collaborative entre Bankers et street-artistes : c’est tout le défi lancé par le mécénat artistique de Société Générale pour l’ouverture de leur nouveau site « Les Dunes » à Fontenay-Sous-Bois. Si c’est la célèbre architecte Anne Démians qui s’est chargée de l’apparence ultra-moderne de ce bâtiment, le mécénat a également fait appel à des street-artistes pour donner du sens et de nouvelles couleurs au bâtiment. Après le projet de signalétique autour du parking de plus de 5000 mètres carrés et une immense fresque de 6 mètres de haut, la banque s’est lancée dans le projet d’une fresque collaborative réalisée avec les artistes Takt et Sueb, et pas moins de 10 collaborateurs de Société Générale. Nous avons eu la chance de les rencontrer. Découvrez les impressions des « bankers » vs celles des « graffers » et leur retour sur cette expérience collaborative ci-dessous.

Banker

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Christopher Bishop, j’ai 31 ans, je suis architecte de données au sein de l’une des directions des systèmes d’information de Société Générale. En résumé, on accompagne des équipes projet.

Pourquoi as-tu eu envie de participer à ce projet ?

L’appel d’offres lancé par Société Générale m’a tout de suite plu. J’ai toujours été attiré par la culture hip hop. Je connais bien la musique, je connais bien le mix mais je ne connaissais pas du tout le graffiti , c’était donc l’occasion de découvrir cette partie du hip hop, et pratiquer le graff avec des professionnels dans un cadre professionnel !

Quelle oeuvre as-tu réalisé ?

J’ai réalisé la favela très colorée. 

C’est toi qui l’a imaginée ?

Oui tout à fait. Je l’ai imaginée et c’est Takt (graffeur du collectif 3HC) qui a ensuite posé les premiers traits. Mais je suis vraiment arrivé avec l’idée de réaliser une favela très colorée. J’aime bien cette idée de perspectives et de bâtiments imbriqués les uns dans les autres. Je voulais aussi le Christ en fond. Je suis également arrivé avec deux ou trois dessins qui représentaient ce que je voulais. Et Takt m’a tout de suite dit « ok, on va partir là-dessus ! ». 

Tu aimerais continuer à faire du graff par la suite ?

Oui totalement, c’est très sympa !  Après il faut trouver où le faire. Et puis je suis débutant, donc je ne me vois pas prendre une bombe tout seul et me mettre à graffer sur mes murs. Mais j’ai prévu de les revoir quand même ! En fait, j’aime beaucoup la photographie. J’ai profité de ces ateliers pour en prendre et je leur ai proposé de faire aussi des shootings quand ils iront travailler dehors.

Cela t’a donc donné une autre source d’inspiration par rapport à tes passions habituelles ? 

Oui totalement. Autant, écouter de la musique c’est facile, les platines aussi, essayer le break c’est facile aussi. Mais pour essayer le graff, il faut déjà acheter les bombes, il faut trouver un mur et c’est déjà plus compliqué. Des quatre composantes du hip hop, c’est celle qui est la plus compliquée à pratiquer. Donc si j’avais l’occasion d’en faire à nouveau, ce serait avec plaisir !

« Christopher Bishop devant son oeuvre street art »

Graffer

Takt, membre du collectif 3HC

Est-ce que tu peux te présenter ?

Je m’appelle Benoit, et mon nom d’artiste est Takt. Je fais du graffiti depuis tout jeune, j’ai commencé entre 12 et 14 ans au début des années 90. 

Comment et pourquoi avez-vous participé à ce projet ?

On a d’abord été retenu sur l’appel d’offres pour un projet autour de l’art et la signalétique pendant le chantier du bâtiment en octobre dernier. On a été ensuite recontacté pour nous occuper d’un autre mur qui donne sur le « plateau », un espace réservé aux startups. Société Générale nous a donnés carte blanche et on a ainsi réalisé une immense fresque autour des quatre saisons. Puis, ce dernier projet a émergé autour de cette fresque collaborative. Et on a également accepté de participer.

Quel était l’objectif de ce projet ?

L’idée était donc de réaliser la fresque avec quelques collaborateurs de Société Générale. Ils ont organisé un appel à projet.  On a donc organisé ensuite cette fresque collaborative. On a pas forcément peint, on les a essentiellement guidés, et surtout montré comment utiliser la bombe avec différentes techniques à maîtriser. 

Comment se sont déroulés les ateliers ?

On est parti au départ avec une technique assez abordable, pour faire une sorte de grande nébuleuse avec plein de couleurs et plein de petits points. Ils ont ainsi réalisé des dégradés pour s’habituer à la bombe. Ensuite, on leur a demandé ce qu’ils aimeraient faire pour essayer de réaliser quelque chose dans le même esprit. Certains voulaient faire du pochoir et d’autres de la bombe. Selon les motifs souhaités, on les a dirigés vers les bons outils. Puis ils ont choisi leur emplacement de façon anarchique, tout en gardant ce fond galactique qui lie toutes les oeuvres.

Quelle a été ta plus grande difficulté rencontrée ?

Il n’y en a pas vraiment eu. L’important était qu’ils aient envie de participer au projet et c’était le cas. Dans la pratique, s’ils avaient un problème, l’avantage avec la bombe est que tout est retouchable.

150 mètres à recouvrir c’était un défi ?

Oui et non, on a réellement trouvé un juste milieu entre le fond uniforme et les détails créés par chaque motif.

Votre plus grande fierté par rapport à ce projet ? 

On a juste réalisé les lettres pour créer des petits clins d’oeil à leur prénom.  Après les ateliers, on leur a dit d’aller regarder ensuite la fresque en bas pour regarder les détails et les techniques utilisés. Ils se sont vraiment rendus compte qu’il ne fallait pas que regarder, qu’il fallait vraiment pratiquer pour apprendre à graffer. Et oui, la bombe, c’est un vrai métier !

Banker

Sara Izquierdo de Manuel

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Sara Izquierdo de Manuel, j’ai 43 ans, je travaille chez Société Générale depuis 2011 dans la partie IT.

Pourquoi as-tu eu envie de participer à ce projet ?

J’ai une passion pour l’art, du coup, en parallèle, je fais aussi des études à la Sorbonne en Arts Plastiques et je mets au point mon site. C’est une passion que j’essaye de développer avec mon travail sur le web chez Société Générale d’où l’intérêt pour ce projet. 

Quelle oeuvre as-tu réalisé ?

J’ai voulu mêler ce que j’aime faire, à savoir la peinture, avec le graffiti. C’est donc une peinture murale sur laquelle j’ai représenté une voiture des années 50 qui rentre dans un mur. J’aime surtout représenter la matière, des dégradés, et toucher la peinture donc j’ai fait cela avec du spray et avec mes mains.

« Sara Izquierdo de Manuel commençant son oeuvre sur le mur de 150 mètres de long. » 

Qu’est-ce que t’a apporté ce projet par rapport à ta passion pour l’art ?

Ce que j’ai adoré dans ce projet, c’est que j’ai appris à utiliser le spray. J’ai adoré réaliser des dégradés ainsi que la voie lactée. Je suis très surprise par le résultat, il y a un effet très poétique. Grâce à ce projet, je suis véritablement en train de m’intéresser au street art !

Comment Takt et Sueb vous ont-ils aidée pour ce projet ?

Ils m’ont vraiment aidée pour le contour puis ils m’ont aussi appris à manier le spray avec les différents embouts, les différents effets, etc. Par exemple, même un simple point n’est pas évident à faire.  Les dégradés sont également très compliqués à réaliser. Même le simple fait de les voir travailler, c’est intéressant. C’est un art à part entière !

Plus d’informations sur le projet street art de Société Générale ici.