L’artiste contemporaine Cindy Sherman, icône absolue de la métamorphose et de la photographie étasunienne, a lancé une nouvelle tendance qui ne manquera sans doute pas de séduire les plus jeunes photographes : elle a délaissé le papier d’impression photographique classique pour imprimer ses selfies déformés et déjantés sur d’énormes tapisseries de 2 mètres par 3. Vous aurez probablement vu passer sur Instagram ces photos lunaires, énième moyen pour la photographe de détourner, questionner, déranger. Passée de ses portraits caricaturaux iconiques où elle a interprété à sa guise les identités oppressantes collées aux femmes (femme au foyer, adolescente poupée, caissière de supermarché, ou encore riche bourgeoise de Manhattan…), elle a su aussi s’approprier rapidement d’Instagram et déjouer encore une fois la représentation narcissique du soi promise par la plateforme. A travers la tapisserie, elle crée désormais un lien physique entre l’oeuvre numérique et celle matérielle. Retour sur le dernier projet de l’une des artistes les plus culottées du XXe siècle.