Fubiz et Adobe Stock vous proposent une nouvelle collaboration artistique, autour de l’une des tendances visuelles identifiées par Adobe : “Goth Moderne”.

Nombreux sont les artistes qui utilisent l’art 3D, influences industrielles, typographie pour lui donner une dimension à la fois désuète et visionnaire.

Deux artistes ont ainsi collaboré ensemble : Yoann Vermeulen, motion designer et le contributeur Adobe Stock Fabien Voileau, qui capte l’océan à travers son objectif.

A partir des images de Fabien Voileau, Yoann Vermeulen a imaginé une création originale, mêlant son univers à celui du contributeur Adobe Stock. Il nous transporte ainsi dans un monde entre futurisme et enchantement serti de références Goth Moderne.

Ne manquez pas la Masterclass Illustration avec Yoann Vermeulen qui sera retransmise en direct sur la chaîne Youtube d’Adobe France ce jeudi 19 octobre de 10h à 11h30.

Les deux artistes se sont prêtés au jeu de l’interview croisée, et nous en disent un peu plus sur leur univers créatif, leur processus de création, leurs inspirations et leur utilisation d’Adobe Stock en tant que créatifs.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots et nous en dire un peu plus sur vos univers créatifs ?

Yoann Vermeulen : Je suis motion designer 2D et 3D. Mon univers créatif évolue principalement dans le secteur du luxe (mode et comestiques principalement) et dans la musique, avec des participations lors de projections live (André Manoukian, Lost In Kiev), ou des pochettes d’albums vinyles (Lost In Kiev, Arche…).

Fabien Voileau : Je m’appelle Fabien, je suis photographe basé à Paris. Mon travail et mon style sont le prolongement de ma personnalité, un mélange d’émotions et de poésie, liés d’une opposition constante, ayant pour but (du moins je crois) de questionner. La sous exposition que j’utilise beaucoup ne fait que renforcer les qualificatifs cités plus hauts. Dans mes cadrages , on peut y retrouver des influences de la « street photography », avec des prises de vues fuyantes et spontanées, mais aussi  une envie de pus en plus prononcée pour les natures mortes, invitant davantage à la rêverie et l’imagination.

Yoann, tu parviens à créer des univers graphiques via l’usage de médiums tels que la conception d’identité visuelle, le motion design, la 3D et ou encore le mapping. Comment es-tu arrivé à définir ton identité en tant que designer ? Et quelles sont tes inspirations ?

Globalement en tant que designer je m’efforce de proposer avant tout quelque chose de pragmatique, qui correspond au brief, ce qui m’amène souvent à partir d’un concept graphique épuré que je complexifie ensuite si nécessaire. Donc je dirais que mon identité s’est définie par ma méthode de travail. J’aime l’idée qu’un graphisme simple puisse être une identité forte. J’ai différentes inspirations : loladupre, Kensuke Koike, John Meada, Feltzine, Xuxoe, Anothermagazine, Ad Magazine, Metal_Magazine ou encore saatchi_gallery.

Pour le vidéo mapping, je suis de près la programmation de la Gaité Lyrique qui propose beaucoup d’événements immersifs (expositions, concerts) se rapprochant de près ou de loin du vidéo mapping. Dernièrement, le concert-spectacle Equinoxe en lien avec l’expo « Faire corps » d’Adrien M & Claire B, était assez incroyable.

Fabien, vous photographiez à la fois des grands espaces et des portraits intimes tout en gardant un lien profond avec l’océan. Quelles sont vos inspirations ?

Pas evident d’y répondre très clairement. Sachant que cette definition d’inspiration se perd avec celle de l’influence. Donc je dirai que les détails, les gens et les choses un peu graphiques m’inspirent. Pour tenter d’être concis. Ensuite, les ombres et lumières ont une grande influence dans mon quotidien et mon travail. J’aime les chercher, les observer, deviner leur évolution et m’en servir de base pour la construction de mes images.

Comment s’organisent vos journées type de création ?  Où vous sentez-vous le mieux pour créer ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre processus créatif ?

Y.V : Mon premier réflexe est de prendre un crayon et une feuille blanche pour commencer à griffonner des idées, des plans, des notes. Mais je me reprends vite et je vais me documenter : Pinterest, Instagram, des livres parfois aussi. Ensuite quand j’estime m’être suffisamment nourri de l’univers pour lequel je souhaite réaliser une création, je reprend une nouvelle page pour coucher les vraies premières idées.

Pour une image fixe, je passe rapidement à la maquette Photoshop, pour vérifier si mon idée est aussi bien que je l’imagine. Pour un storyboard, c’est différent car c’est important de trouver un fil rouge, mais aussi d’avoir un découpage cohérent etc., donc pour un storyboard ça prend plus de temps, et je préfère même laisser un peu « reposer » quelques jours l’idée que j’ai couché sur le papier avant de passer à la suite.

Ensuite de manière générale, j’affine peu à peu, et je continue à laisser reposer de temps à autre la création en cours pour avoir du recul et faire ainsi mon auto-critique. Je travaille de nouveau chez moi (en co-working précédemment). Je fais souvent en sorte de me galvaniser en écoutant une musique dans le mood de la création en cours : j’ai l’impression que ça m’aide à maintenir mes idées sur le cap créatif que j’ai fixé.

F.V :  Peu importe le temps passé à prendre des images, de 3h à 3 semaines, j’aime être seul dans ce processus. C’est dans ces conditions que je peux me laisser aller mentalement dans une certaine errance, celle qui me pousse à moins réfléchir, donc à être dans le présent entièrement.

Ensuite, les lieux nouveaux (et particulièrement les villes) sont super excitants et productifs. Pour l’editing, en revanche, j’aime être moi, dans mon environnement à écouter de la musique. Je trouve aussi important de faire ses edits en 2 temps : le premier sert à dégrossir mon boulot, tester des associations d’images entre elles sous forme de diptyque (j’aime beaucoup lire les images par paires), faire des premiers tests de colorisation, etc. Le second temps va lui intervenir plusieurs jours ou semaines après, et viens confirmer les tendances ou les corriger. Ainsi j’arrive à un résultat qui me semble beaucoup plus cohérent et qui me satisfait dans le temps. 

Yoann, pour ces créations originales, tu as collaboré avec Fabien Voileau, un photographe et contributeur Adobe Stock qui dépeint de grands espaces et des portraits intimes en gardant un lien profond avec l’océan. En reprenant ses images, tu as apporté à ses ambiances ta touche personnelle et leur a donné une nouvelle dimension. Que t’a apporté ce travail collaboratif ?

Pour moi ce type de création et de contexte, représentent toujours un défi : seul, il faut juger de sa propre création. Personnellement j’ai plus de facilité en échangeant avec le commanditaire pour affiner le cap de la création de manière continue. Ce travail est donc un excellent exercice. En terme de collaboration, c’est typiquement le genre de réalisation qui permet de s’évader. Je m’efforce toujours de donner un maximum de sens à mes créations même illustratives. Du coup, je mets de la musique, et commence à imaginer un scénario, une scène, et puis peu à peu viennent des images concrètes de ce que je veux raconter et le voyage peut commencer. Les grandes espaces de Fabien Voileau ont été une formidable passerelle vers cet imaginaire.

Fabien, tu es un contributeur Adobe Stock. Selon toi, quels sont les avantages pour un artiste de publier ses créations sur la plateforme ?

On y touche des publics, des besoins ou des projets inattendus. De plus, le support permets de présenter son travail sous forme de galerie web, un peu comme un Instagram, mais dédié à un public pro. Et forcement, on peut y chercher de l’inspiration, des profils de photographes, des styles spécifiques, répondant à un besoin.

Adobe a sélectionné la tendance design du « Goth Modern » parmi les tendances visuelles de 2020, qui est caractérisée par des éléments futuristes, un éclairage terne et une typographie frappante et qui font leur apparition dans des créations digitales. Que pensez-vous que cela représente ? Comment cette notion peut-elle se rapprocher de vos univers et comment s’intègre-t-elle dans votre art ?

Y.V : Je pense que c’est une volonté de représenter notre monde de manière plus douce. Notre monde est ultra connecté, ultra technologique. La tendance Goth Modern, renverse tout ça pour en faire un monde retro-technologique où tout n’est qu’un jeu ou qu’un rêve (retrogaming, gros pixel, artefact, éléments mystiques, couleur bleu, violet, noir…).

Pour dire les choses autrement je dirais que c’est une sorte de tendance de contre-réaction au monde dans lequel nous sommes. Dans la musique on a aussi à un retour de cette tendance à la fois avec Chvrches ou Carpenter Brut par exemple. Même si je pense que c’est une tendance plutôt révolue, j’aime toujours cet univers sur plusieurs petits aspects graphiques comme les décalage RVB, la pixellisation, les glitchs etc., ce genres de petits détails idéals pour donner la touche finale d’une illustration.

F.V : Le coté futuriste est lié une envie, une curiosité certaine pour « l’ailleurs ». C’est au sein même de notre identité depuis toujours, mais en ces temps, peut être que cela résonne davantage. Cette tendance peut rapidement prendre sens avec certaines de mes images de paysages désertiques faisant ainsi appel à notre envie intrinsèque « d’ailleurs ».

Si vous deviez résumer votre travail en une phrase, quelle serait-elle ?

Y.V : Créer c’est tenté à chaque fois de se réinventer sois même !

F.V : Un regard intime et poétique, chargé d’opposition sur une époque qu’il l’est tout autant.