À bientôt 23 ans, Elise Azria est une vraie passionnée. Actuellement étudiante en management, elle explique avoir « toujours eu un appareil photo à la main ». Pour elle, ses photographies sont comme des esquisses de souvenirs. « Comme je n’ai jamais su dessiner, mais que j’adore tout autant l’art, je me suis entrainée à faire directement des photos bien pensées et cadrées. Elles sont alors devenues pour moi l’étape finale de ma créativité », explique-t-elle. Grandement intéressée par l’homme et son environnement, c’est lors d’un voyage au Japon, à Tokyo, qu’elle a réalisé une série à la fois visuellement plaisante et forte de sens d’un point de vue socio-culturel. Un aspect important qu’elle compte continuer de développer dans son travail artistique.

Comment es-tu entrée dans le monde de la photographie ?

Étudiant actuellement dans une école de management, je me suis intéressée d’emblée à l’industrie culturelle. Puis, j’ai eu l’opportunité de partir au Japon, à Tokyo, réaliser un stage dans une galerie de photographies d’art. Le meilleur moyen pour moi de concilier mes études et ma passion, qui s’est affirmée lors de ce trimestre japonais où j’ai rencontré de nombreux photographes et assisté à des vernissages et expositions.

Pourquoi avoir choisi le Japon ?

Le Japon était une destination que j’ai choisie totalement par hasard, ayant été acceptée pour un stage là-bas. Je ne connaissais absolument rien à la culture japonaise, donc dès que je suis sortie de l’aéroport, j’en ai pris plein les yeux et avais l’impression de vivre un rêve éveillé, tant la société japonaise surprend et en appelle à l’imagination. C’était comme vivre dans une bulle, ce qui est propice à la créativité et à l’imagination, d’autant plus que j’avais un regard totalement nouveau puisque sortie de ma zone de confort. C’est à ce moment-là a que je me suis mise plus sérieusement à la photographie, le Japon étant le meilleur terrain d’initiation à la street photo. À mon retour, j’ai été récompensée par la marque Canon lors du Grand Prix de Photographie de St Tropez et l’un de mes clichés a été vendu lors d’une vente aux enchères pour une oeuvre caritative. Je pense que c’est à partir de là que je suis véritablement entrée dans le monde de la photographie.

Avais-tu prévu en amont de réaliser une série ?

Je n’avais pas du tout prévu de réaliser une série en particulier, mais dès mon premier jour au Japon les scènes quotidiennes des rues tokyoïtes et ses passants se sont imposés à moi. Mes photos racontent une déambulation urbaine de trois mois dans Tokyo et ses environs. Par conséquent, il y a des motifs qui se répètent, les décors, la lumière des néons, ma propre solitude du voyageur qui rencontre celle de la foule japonaise.

Qu’est-ce qui t’a inspiré sur place ?

À Tokyo, j’ai découvert une lumière que je n’avais vu nulle part ailleurs. Une lumière cinématographique qui interpellait mon regard, de jour, comme de nuit. Celle-ci m’a énormément inspirée. Puis, au fur et à mesure que je faisais des rencontres et en apprenais un peu plus sur le Japon qui m’était inconnu, j’ai été inspirée par les mystères et les curiosités (dans mon propre référentiel) que renferme en elle la société japonaise. J’ai pris mes photographies comme un peintre peint des aquarelles dans un carnet de voyage. J’immortalisais tout ce qui m’interloquait.

Voulais-tu que tes photos aient également un intérêt en termes de documentation sociale ?

J’ai été fascinée par le rapport qu’ont les tokyoïtes, habitants d’une ville moderne, hyper-technologique et à l’architecture innovante, avec la nature, qui imprègne toute la culture japonaise. C’est une relation très particulière et unique en son genre, puisque même dans les endroits où on ne l’y attend plus, celle-ci reste omniprésente. Par exemple, l’exposition digitale « Borderless » du collectif TeamLab qui propose à ses visiteurs de s’immerger dans l’ultratechnologie. C’est un dédale pixellisé qui s’avère être une ode à la nature, et qui invite ses visiteurs à s’y reconnecter en explorant ses forêts de néon.

As-tu un futur projet en tête ? (si oui, en quoi consiste-t-il)

J’aimerais continuer d’évoluer dans ma pratique de la photographie et me lancer dans le photoreportage. Si jusqu’alors j’ai pris mes photographies à la volée, figeant ce qui me touchait spontanément, j’aimerais maintenant étudier un sujet bien défini à l’avance et aborder des thèmes géopolitiques ou de sciences sociales. Au-delà d’être un simple témoin visuel, documenter sur ce que je vois, mais toujours avec autant de coeur.

De façon générale, veux-tu transmettre quelque chose au travers de ton art ?

De la poésie, celle du quotidien. Lorsque l’on est pris dans sa routine, on manque de recul sur ce qui nous entoure. Ce que je m’efforce donc à faire est de changer de perspective et d’immortaliser des instants touchants qui ont pour moi, même s’ils ne durent qu’une seconde, beaucoup de lyrisme.