Fasciné par la puissance de la photographie qui à la fois documente la réalité tout en stimulant l’imagination, le photographe Yuri Andries conçoit des images où l’humain et l’environnement interagissent entre eux. Dans ses univers où l’humain est souvent la seule échelle palpable, Yuri Andries fait du photojournalisme une pratique où l’imaginaire à toute sa place.Comment et quand êtes-vous tombé amoureux de la photographie?

Ma première année d’étude au sein de la Royal Academy of Fine Arts a certainement enflammé cet amour pour la photographie. Quand j’étudiais le graphisme, je me rendais à la bibliothèque chaque semaine pour me perdre dans tous ces différents univers que proposait la section livre photo. Larry Sultan, Tierney Gearon, Harry Gruyaert, Carl De Keyzer, Lars Tunbjörk, Philip Lorca Dicorcia sont des photographes qui se sont vite retrouvés sur mon étagère… Quelle série vous rend le plus fier ?

Je suis très fier de ce sur quoi je travaille en ce moment. Mais c’est probablement le même sentiment que tous les artistes ressentent. Pour la première fois, je travaille sur un projet à plus long terme et cela s’avère être très libérateur. J’ai œuvré en étroite collaboration avec des personnes auparavant pour la série “In Memory Of A Monolith”, mais aujourd’hui c’est différent ; je travaille aux côtés d’une seule personne qui s’avère être écrivain et acteur. Pour lever un voile sur cette série en cours de création : le but est de capturer les désirs les plus profonds de la fiction au grand dam de la réalité de quelqu’un. C’est une enquête sur la rencontre entre fiction et réalité, une performance où le personnage et l’identité de l’acteur sont intimement liés.Comment parvenez-vous à toujours faire dialoguer les personnes et les paysages dans vos images ? 

Ces deux entités sont revenues dans toutes les séries que j’ai produites jusqu’à présent, mais je ne sais pas si elles le resteront dans mon futur travail. Mon approche a toujours été différente. Lorsque je travaillais sur la série “In Memory Of A Monolith”, je devais gagner la confiance des modèles pour qu’ils puissent se sentir à l’aise de poser nus. Tout était mis en scène et réalisé avec des lumières artificielles. Il y avait donc beaucoup de travail en amont avant même de penser à sortir mon appareil photo. Pour “Moonland”, il y avait aussi beaucoup de préparation, mais la plupart du temps c’est la chance qui me faisait rencontrer tel individu sur mon chemin. Il en va de même pour «La nouvelle route de la soie». Pendant mon court séjour à Gansu, je travaillais sur une commande pour Suitcase, un magazine de voyage. Le concept était simple ; je tenais le rôle d’un pionnier moderne retraçant les traces de Marco Polo. Parce que j’avais fait des recherches sur la région et la tentative de Jinping de la faire fleurir, je ne pouvais pas m’empêcher de pointer mon objectif sur l’aspect le moins des choses. Cette fois, rien n’a été mis en scène, car ce n’était pas nécessaire. Quel élément vous fait toujours sortir votre appareil photo pour en immortaliser le moment ?

Peu importe que je travaille sur une commande ou un travail personnel, je recherche toujours l’approche que je trouve la plus adaptée à ce que j’essaie de dire avec le temps dont je dispose. Parfois, cela signifie chasser des images comme un photographe de rue. Parfois, cela signifie être dans un endroit sans mon appareil photo pendant des jours avec juste un ordinateur portable. Une fois mon appareil photo sorti, la couleur et la lumière m’aident à créer l’atmosphère que je recherche. De plus, le processus d’édition m’aide à ressentir cette sensation. Mais l’objectif est toujours de donner un aspect naturel à la photographie afin que l’editing ne prenne pas le dessus.