Le photographe parisien Fred Lahache aime mixer des esthétiques graphiques à des images qui sont plus du ressort du photoreportage. C’est dans les histoires simples qu’il trouve son inspiration, entre travail de commandes et projets personnels.

Comment s’est construite votre relation avec la photographie professionnelle ? 

Je suis autodidacte. Je ne me sentais plus du tout à ma place dans mon milieu d’origine. La photo me changeait les idées. Une première exposition du nom de Tomodomo, à la galerie Madé, a attiré un peu d’attention et a signé le début des commandes pour mon travail de photographe. À partir d’un certain temps, je vivais suffisamment de cette seconde activité pour ne plus dépendre de la première, alors j’ai pu faire de la photographie mon travail. 

Quels sont les personnes, les paysages ou les thèmes qui vous font forcément sortir votre appareil photo pour en capturer l’essence ?

Des scènes anodines peuvent souvent suffire. La lumière, ou un gros coup de flash peut tout changer. Le timing est important aussi, j’aime bien l’idée d’un entre-deux, le moment juste après ou juste avant.

De votre projet « Looking for Hamza », journal photographié du Maroc à vos projets de commande pour Eurostar, comment décririez-vous votre pratique de photographe ?

J’aime bien combiner une écriture plutôt reportage avec des images plus graphiques, qui isolent certains détails. Je peux faire l’un ou l’autre ou associer les deux dans la même série ou la même commande. 

Pour Eurostar, je devais rendre un portrait de Julien Pham, que j’ai réalisé dans une ambiance de fête foraine pour compenser la grisaille du jour de rendez-vous.

Dans ma série « Looking for Hamza », exposée l’an dernier à Paris, je présentais le journal de bord d’un voyage imaginaire avec mon ami d’enfance. Cette bague est celle d’un chauffeur de taxi qui m’amenait dans la Médina.

Comment se déroule votre travail de commande ?

Quand on me réquisitionne sur un sujet particulier c’est parce qu’on s’est projeté en voyant mon travail, pour que j’y réponde à ma manière. J’essaie de bien saisir le brief, en recherchant ce que je peux y apporter de plus personnel. Puis il y a un peu d’improvisation sur place, les coups de bol aident beaucoup. Il y a toujours de bonnes surprises en bonus.