A l’occasion de la sortie de leur film très simplement intitulé « Visages, Villages », le photographe JR et la célèbre réalisatrice, monument de la rue Daguerre, Agnes Varda, ont accepté de rencontrer Fubiz le temps d’une interview.
Quand on leur demande ce qu’ils pensent respectivement l’un de l’autre chacun y va de son anecdote. JR se dit impressionné par sa témérité « tu gardes cette légèreté à tout moment, et dans ton regard, et dans la manière dont tu vies » explique t-il à Agnes Varda. Quant à cette dernière elle nous confie « Ce que je connaissais de JR, c’était l’effet de son camion (…) mais dès qu’on s’est dis qu’on pourrait faire un truc ensemble, j’ai été frappé par l’inventivité puis la rapidité de penser de JR. Le coté mental physique accéléré j’aime bien. »

Pour comprendre ce duo hors du commun, il faut remonter à leur passion commune des images et de leurs questionnements: Quel sujet ? En quel format ? Sur quel support ?
Opposés par leurs différences générationnelles, mais rassemblés, selon les dires d’Agnes Varda, par «une sorte de coup de foudre cinématographique amical», le duo a présenté cette année à Cannes, l’aboutissement de leur projet baptisé « Visages, Villages ».

Ce qui ne devait être à l’origine qu’un court métrage, s’est transformé au fil des hasards et des belles rencontres en un beau film hybride, un documentaire mis en scène teinté de poésie. Pour Agnes Varda « c’était plutôt écouter ce qu’il se passe, essayer de faire fonctionner l’intuition. On a beaucoup été servis par le hasard »
C’est à bord de la camionnette de JR, qualifiée de « magique » par la réalisatrice, qu’ils vont sillonner l’hexagone à la rencontre de personnalités, de métiers et de caractères prêts à partager leur récit de vie, parfois engagés mais touchants pour la plupart.
« Il m’a emmené au Havre rencontrer les dockers et j’ai été épatée qu’il les connaisse bien, qu’il y ait une relation tellement chaleureuse, sympathique… » raconte Agnes Varda à propos de JR.

De leurs premières rencontres dans leurs ateliers respectifs aux interviews données en tandem comme celui qui nous a été accordé pour la promotion de leur film, ce dernier retrace aussi leur histoire d’amitié. Une complicité naissante qui donne vite lieu dans le documentaire au ton taquin de la narration, des chamailleries bon enfant qui font sourire tout au long de la projection.
« Il y a une règle qui est très claire, c’est qu’elle a le droit de dire des méchancetés mais elle a une protection toute particulière qu’on appelle la carte vermeil qui m’empêche de l’attaquer » ajoute JR, un peu moqueur.